Bonjour Cyril,
Nous avons déjà eu cette discussion et je sais que nous ne sommes pas d'accord
. Ce qui est tout à fait normal, surtout dans un domaine comme celui-ci proche du domaine artistique. Ce qui est important c'est que chacun respecte et s'efforce de comprendre le point de vue de l'autre. C'est très généralement le cas sur ce forum et cela en fait tout l'intérêt et l'agrément.
Pour revenir au sujet je pense que la question n'est pas binaire et qu'il y a tout un continuum entre la photo "pure" sans aucun artifice de traitement et la photo fortement modifiée par un logiciel de retouche (ou des techniques de maquillage en argentique plus difficiles à utiliser mais qui existent depuis toujours).
Qu'appelle-t-on d'ailleurs une photo"pure". Si elle est en jpeg elle a subi un réel traitement dans l'appareil (contraste, saturation, accentuation); il y a donc déjà une part d'interprétation. Si elle est en RAW ça se passe dans le logiciel de dématriçage, mais ça revient à peu près au même. En argentique le problème était le même : selon le film utilisé, le type de révélateur, des techniques de développements plus sophistiquées, comme le révélateur à 2 bains (une merveille au passage !) ou les innombrables traitement chimiques "post développement", le photographe ou son tireur interprétait fortement le négatif initial.
NB : quand je parle de l'argentique ce n'est pas pour parler comme un vieux c... qui pense que tout était mieux "de son temps" , mais simplement pour dire que ces sujets ne sont pas apparus récemment avec le numérique et qu'ils ont plus ou moins toujours existé. Ce qui est certain par contre c'est que le numérique les a amplifiés en rendant la modification des images beaucoup plus facile. Les innombrables "filtres" que l'on trouve aujourd'hui, y compris sur les smartphones, en sont la preuve.Je préfère parler d'interprétation dans ces cas que de créativité. A mes yeux il y a créativité quand le photographe (ou l'artiste) crée délibérément une image différente de celle qu'il a photographiée. On est alors entre la photo et les arts graphiques ou la peinture. En revanche tant que le photographe cherche a montrer ce qu'il a vu et l'émotion qu'il a ressentie devant la scène je pense que c'est plutôt de l'interprétation.
Je vais prendre un exemple simple parce qu'un peu caricatural : le HDR.
Dans son numéro HS récent Gilles écrit (p.48) à propos du plug in LR Enfuse
"il ne s'agit pas de HDR à proprement parler, mais de fusion d'images d'exposition différentes". Je pense qu'il écrit cela parce que beaucoup de photographes ont dévoyé (à mon avis) le HDR en poussant à fond les curseurs pour obtenir des effets qui n'ont plus rien à voir avec la scène d'origine. Personnellement je n'aime pas du tout cela, mais je respecte tout à fait ceux qui aime; en tous cas il est sûr que c'est de la créativité, mais certainement plus de l'interprétation. A mes yeux pourtant le HDR ce n'est pas cela (du moins à l'origine). Pour moi le HDR (High Dynamic Range = large gamme dynamique) a été inventé pour palier un défaut des capteurs numériques qui ont une capacité dynamique beaucoup trop faible pour enregistrer la dynamique de lumière de certaines scènes. Pour cela le HDR mélange plusieurs clichés pris avec plusieurs expositions, mais avec le but d'obtenir une image aussi naturelle que possible (telle qu'elle aurait été faite avec un capteur idéal). Dans ce cas je considère qu'on n'est pas dans la créativité puisque l'objectif est de restituer le plus fidèlement possible la scène originale. Je joins à titre d'illustration une photo que j'ai faite dans une chapelle et qui est l'assemblage de 15 clichés. Rien à voir comme tu pourras le constater avec le HDR "à la mode"; pourtant c'est bel et bien du HDR (assemblé d'ailleurs avec LR Enfuse que j'apprécie beaucoup pour ce type d'usage).
Pour terminer sur le filtre radial, c'est vrai qu'il permet de faire des vignettages divers et variés (que personnellement je n'aime pas du tout). Mais il permet aussi de modifier localement de manière très simple et rapide la luminosité d'une image. Supposons par exemple que nous prenions un portrait sur le vif très classique. L'éclairage naturel est bon, mais le visage est un peu trop dans l'ombre. La bonne solution est bien sûr d'utiliser un réflecteur pour éclairer le visage. Mais nous n'avons pas de réflecteur sous la main et nous faisons quand même la photo. Dans LR nous plaçons un filtre radial sur l'ovale du visage et nous montons l'exposition de 0.5 ou 1 diaph. On obtiendra à peu près le même résultat qu'avec le réflecteur. Est-ce de la créativité ? Je ne le pense pas. Pour moi c'est tout simplement de la photo.
Bon! tout cela nous éloigne beaucoup du benchmark !... c'est aussi pour cela que j'ai ouvert un nouveau fil pour le bench LR5