Bonsoir Mats,
Difficile de répondre en quelques lignes à la question que tu poses !
Tu trouveras
ici un article de Jean Delmas, qui est l'un des bons spécialistes francophones du sujet. L'article est assez clair et donne une première idée du sujet.
Tu pourras lire ensuite l'article de Christophe Métairie, autre bon spécialiste francophone du sujet :
Gestion des couleurs avancée dans Lightroom qui est un peu plus difficile, mais a l'avantage d'aborder le sujet du point de vue de LR.
Maintenant si tu veux une réponse du genre "la gestion des couleurs pour les nuls" je veux bien essayer
En photo numérique, chaque nuance de couleur est représentée par un triplet de 3 nombres qui indiquent les quantités de rouge, de vert et de bleu (RVB ou RGB en anglais) nécessaires pour produire cette couleur. Dans le cas le plus fréquent (jpeg par exemple) chacun des nombres est codé sur un octet (8bits) et peut donc prendre 256 valeurs. Le triplet de 3 nombres peut donc représenter 256 x 256 x 256 = 16 777 216 nuances de couleur. Cependant l'oeil est capable de distinguer un nombre sensiblement plus grand de couleurs. Inversement les dispositifs utilisés en photo numérique (capteur, écran, imprimante, etc) ne sont en général pas capables de représenter 16 millions de couleurs, mais un nombre plus restreint. On appelle gamut l'ensemble des couleurs que peut gérer un dispositif.
L'espace colorimétrique est une sorte de table qui fait correspondre une couleur précise à chaque triplet RVB. Il en existe plusieurs ; les plus courants sont : sRVB, Adobe RVB 98 (appelé aussi Adobe RVB ou RVB), Prophoto.
sRVB : il est codé sur 3 octets. C’est l’espace colorimétrique passe-partout : c’est celui du web et de la vidéo ; c’est celui que tous les logiciels et tous les appareils savent lire
Adobe RVB 98 : il est également codé sur 3 octets, mais il est plus vaste, c'est-à-dire qu’il est capable de représenter des couleurs que le sRVB ne peut pas représenter, en particulier dans les couleurs très saturées. Il est donc préféré par les photographes. Cependant il est moins universel et beaucoup de logiciels ou d’appareils ne savent pas le décoder correctement.
Prophoto : lui est codé sur 6 octets (3 x 16 bits) ; au lieu de 256 valeurs il en utilise donc 65536 pour indiquer l’intensité du rouge, du vert et du bleu ; au total il peut donc représenter 65536 x 65536 x 65536 = 281 474 976 710 656 couleurs (environ 280 000 milliards), c'est-à-dire beaucoup plus que ce que l’œil peut distinguer. Il n’est cependant –à ma connaissance- utilisé directement dans aucun appareil de prise de vue, ni dans aucun écran ou imprimante. C’est par contre l’espace colorimétrique utilisé par Lightroom (*). Le gros avantage de ce choix est que cet espace très vaste est capable d’englober n’importe quel espace codé sur 8 bits, comme sRVB ou Adobe RVB, qui sont bien plus petits. Du coup l’utilisateur de LR n’a pas à se soucier des questions d’espaces colorimétriques tant qu’il reste dans LR (y compris pour imprimer). Le seul cas où il faut s’en soucier c’est pour l’exportation, puisque la photo va sortir de l’environnement LR. D’où ta question
Que se passe-t-il si on lit une photo codée dans un espace (Adobe RVB par exemple) avec un logiciel qui ne connaît que le sRGV (un navigateur Internet par exemple) ? Réponse : les couleurs restituées seront fausses (avec l’exemple que j’ai pris elle paraîtront ternes et fades).
Alors la réponse pratique à ta question est la suivante :
- sur ton boîtier choisis Adobe RVB car il te permettra de capter fidèlement plus de couleurs que sRVB
- lorsque tu exportes une photo pour la mettre sur un site web ou l’envoyer par mail, choisis sRVB, car ainsi tu seras certain que les couleurs seront correctement représentées à l’arrivée.
- si tu envoies des photos à un photographe averti, tu peux les exporter en Adobe RVB en le prévenant, afin qu’il prenne garde de lire la photo correctement.
(*) les spécialistes me diront que LR n’utilise pas exactement Prophoto, mais ils me pardonneront cette simplification